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Protection sociale : Protection sociale :
une conquête à défendre ! une conquête à défendre !
La protection sociale, un pilier du modèle social français
L’histoire d’un progrès social
Avec le droit du travail et les services publics, la protection sociale est un des piliers du « modèle social »
français, largement issu des réformes de 1945 et du Conseil national de la Résistance (CNR).
Elle vise à protéger l'ensemble de la société d'un certain nombre de risques liés à une baisse,
voire une perte de ressources, ou à des dépenses importantes, en couvrant les besoins vitaux de
ses membres : santé, vieillesse, maternité et famille, emploi, logement, pauvreté et exclusion sociale.
Pour que ces droits soient effectifs, un ensemble de services publics du soin et de l’action sociale
accessibles à toutes et tous sur tout le territoire est indispensable.
La protection sociale : la concrétisation de la solidarité nationale, pour prémunir contre les différents risques sociaux
La Sécurité sociale est l’actrice principale de la protection sociale à travers plusieurs champs d'intervention (« branches ») : assurance
maladie (maladie, maternité, invalidité, décès) ; vieillesse (retraite, veuvage) ; famille (dont logement et handicap) ; accidents du travail
et maladies professionnelles ; autonomie (créée en 2020).
Mais la protection sociale couvre un champ plus large : assurance chômage, aides au logement, minima sociaux, régimes
spéciaux, régimes d’assurances complémentaires (mutuelles et institutions de prévoyance).
La protection sociale : la « bête noire » des néolibéraux !
De façon méthodique, l’ensemble de la protection sociale est attaqué et fragilisé depuis des
années par les politiques néolibérales qui réduisent peu à peu les droits collectifs de la
population à un filet minimum et précaire.
Des attaques répétées et systémiques contre l’ensemble de la protection sociale :
• réduction de l’offre de soins et fermeture de services et de lits d’hôpitaux,
• baisse des indemnisations et déremboursement de médicaments : restes à charge de plus
en plus importants du fait de ces déremboursements et des dépassements d’honoraires, rendant
nécessaires les complémentaires,
• complémentaires dont les coûts explosent,
• diminution des pensions de retraite et recul de l’âge où on peut la prendre,
• ou encore état déplorable de l’aide sociale à l’enfance (ASE) et des logements sociaux…
La récente et intolérable diminution de l’indemnisation des arrêts maladie pour les fonctionnaires entre dans ce cadre et
dans la logique récurrente de l’austérité, l’argument invoqué étant systématiquement celui du « coût » et de la
« dette » (« dette sociale », « trou de la Sécu », « déficit du régime des retraites »,… ) Ces arguments ont cours depuis la
création de la protection sociale. Pourtant, sa mise en place aprèsguerre dans un pays en ruines n'a pas empêché ses 80 ans
d'existence depuis lors !
Le grand danger de la privatisation progressive
La question de la dette vise en réalité à imposer la « réduction des dépenses » pour réaliser le vieux
rêve libéral : détruire la Sécu et la protection sociale pour capter et transformer en dividendes les
cotisations qui échappent aux grandes compagnies capitalistes, notamment en développant des
assurances privées de toutes sortes et la logique du chacun pour soi.
Pour les néolibéraux, l’objectif – à peine voilé – est ainsi de tendre vers la privatisation dans
un système où chacun·e cotise selon son risque et reçoit selon ses moyens : un tel système
financiarisé nous coûte aussi plus cher, avec des frais de gestion multipliés par sept, pour une prise
en charge « lowcost », des scandales qui se multiplient (centres dentaires, EHPADs privés, ruptures
de stock des industries capitalistiques du médicament).
Cela n’a aucun sens, car la protection est ellemême une richesse et les « dépenses » ne disparaissent pas du circuit
économique : elles sont distribuées en revenus pour une très grande part (pensions de retraites) et, pour ce qui concerne par
exemple les dépenses d’assurance maladie, elles reviennent aussi sous forme de revenus à tou·tes les acteur·trices du soin et du
social. Elles sont dans tous les cas réinjectées dans l’ensemble des activités économiques et participent à la réduction des inégalités.