CRÉATION D'UNE BRIGADE NUMÉRIQUE DE REMPLACEMENT
Au cours du Comité technique académique (CTA) du 10 mars 2022,
le rectorat de Nancy-Metz a présenté un projet de création de
postes de « visio-remplaçants ». Il s'agirait d'assurer le
remplacement de l'absence de certains enseignants via
visioconférence : les élèves devraient suivre un cours assuré
par un enseignant qui ne serait pas dans la salle !
Communiqué complet :
CRÉATION D'UNE BRIGADE NUMÉRIQUE DE REMPLACEMENT Au
cours du Comité technique académique (CTA) du 10 mars 2022, le
rectorat de Nancy-Metz a présenté un projet de création de
postes de « visio-remplaçants ». Il s'agirait d'assurer le
remplacement de l'absence de certains enseignants via
visioconférence : les élèves devraient suivre un cours assuré
par un enseignant qui ne serait pas dans la salle ! Le
SNES-FSU a voté « CONTRE » ce projet. Un cours en « visio
», ça n'est pas un cours ! Penser que l'on peut assurer
des remplacements par visioconférence est une illusion qui
dénote d'une méconnaissance de la réalité du travail fait en
classe : comment un enseignant pourrait-il enseigner à une
classe qu'il ne connaît pas et dans une salle où il n'est pas ?
Pour le « visio-remplaçant », il sera très difficile ou même
impossible :
- de faire naître et d'entretenir l'adhésion et la motivation
des élèves, condition préalable aux apprentissages ;
- de prendre des informations au fil de la séance pour réajuster
son enseignement. Par exemple, l'enseignant ne pourra pas, faute
de circuler entre les rangs, analyser les traces écrites ou les
erreurs des élèves ;
- d'assurer dans et avec la classe un dialogue indispensable à
l'élaboration collective du cours ; les interactions entre les
élèves et entre les élèves et lui seront forcément limitées ;
- de proposer une aide individuelle pour débloquer rapidement
une situation ou rassurer un élève en perte de confiance ;
- de mettre en oeuvre des organisations pédagogiques de
coopération qui permettent d'instaurer un climat de confiance,
indispensable à tout apprentissage. Pour remplacer des
enseignants absents, il faut d'autres enseignants ! Il est
vrai que, dans notre académie, certaines zones et certaines
disciplines font face à des difficultés récurrentes de
remplacement. Cependant, la création de « visio-remplaçants »
est un moyen insatisfaisant de pallier le manque de moyens de
remplacement. Les difficultés de remplacement sont
particulièrement fortes dans certains territoires, notamment les
plus éloignés des métropoles, et certaines disciplines. Va-t-on
vers une École à deux vitesses où l'enseignement de certaines
disciplines ou dans certains territoires se ferait sans présence
physique de l'enseignant dans la classe ?
Pour assurer partout la continuité du service public d’Éducation
Nationale, il faut d'abord augmenter le vivier de remplaçants en
recrutant les enseignants titulaires nécessaires. S'il y a des
difficultés de remplacement dans notre académie, c'est d'abord
parce que notre académie a perdu 495 postes d'enseignants de
collège et lycée depuis 2017. La suppression de 29 postes
d'enseignants titulaires à la rentrée 2022 ne pourra qu'aggraver
la situation. Cette situation met en lumière une fois encore
le manque d'attractivité du métier d'enseignant. Pour recruter
les enseignants dont nous avons besoin, il s'agit aussi de
revaloriser la rémunération, les carrières et les conditions de
travail des enseignants. Bruno HENRY
Secrétaire général académique
SNES-FSU Lorraine
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